De nombreuses théories sont véhiculées sur le lait et sa consommation en cas de certaines pathologies. Quand certaines études scientifiques lui confèrent des vertus non négligeables dans l’amélioration de l’état de santé, d’autres, au contraire, le rendent responsable de son aggravation…comment s’y retrouver ?
Je vous propose de faire le point sur le sujet, pour les pathologies que nous soignons au sein des Thermes de Contrexéville :
- Concernant les maladies digestives et métaboliques, l’unique raison pouvant expliquer l’exclusion du lait animal est l’allergie aux caséines, substance protéique du lait. « Et pour l’intolérance au lactose, on fait quoi ? » vous me direz !
Sachez qu’en cas d’intolérance au lactose, substance glucidique du lait, on fixe le seuil de tolérance à 10g/jour…soit 200ml de lait. Alors bien sûr, la quantité reste très modérée, mais elle est suffisante pour s’octroyer un laitage ou un assaisonnement goûteux type béchamel, quand l’envie se présente !
En cas de diabète, on peut tout à fait continuer à consommer son lait sous forme brute ou dérivée. Veillez simplement à faire les bons choix : attention aux laitages aromatisés pouvant être très sucrés et pas plus d’une portion de fromage dans la journée !
En cas d’hypercholestérolémie, on veille surtout à la teneur en matières grasses du lait : on préfère les laits et produits laitiers à base de lait écrémé ou demi-écrémé et les fromages les moins gras (cancoillotte, chèvre frais, fromages allégés MAIS acheté chez un Artisan-Fromager !).
- Concernant les pathologies urinaires, pas de contre-indications à déguster du lait non plus.
En cas d’infections urinaires, on portera tout de même une attention particulière à ce que l’on appelle « l’équilibre acido-basique » : s’assurer que l’alimentation n’est ni trop acidifiante pour l’organisme. En pratique, cela revient à augmenter les sources alimentaires végétales, alcalinisantes, au détriment des aliments d’origine animale, acidifiants. Pas de privation donc, simplement une modération bien pensée !
En cas de lithiase, on ne supprime pas plus le lait. On préfère, en revanche, les produits laitiers à faible teneur en matières grasses.
Le saviez-vous ?
« Oxalate de calcium » ne signifie pas « calcium ». Si la première substance favorise les calculs urinaires, la seconde n’a pas cet effet indésirable. Pourquoi ? Parce que l’oxalate de calcium, présente sous forme de cristaux, est indissoluble et peut migrer vers les canaux urinaires pour s’y déposer. Le calcium, lui, est absorbé quand il est consommé avec un aliment source de vitamine D : une fois assimilé, il se fixe sur le tissu osseux et lui assure une bonne solidité. Pas de risque de le retrouver dans vos canaux urinaires de ce fait, si l’on suit les recommandations de consommation !
Les aliments sources d’oxalates : Épinards, Rhubarbe, Céleri, Betterave, Fraise, Noix, Beurre de cacahuète, Cacao et chocolat, Thé noir, Son de blé, Soja et produits dérivés.
- Concernant les maladies rhumatismales, les avis sont contradictoires et suscitent de nombreux débats : quand certains spécialistes incriminent le lait animal et ses produits dérivés dans la survenue et l’entretien des douleurs rhumatismales, d’autres précisent qu’il s’agit uniquement du lait de vache (et non des laits de brebis et de chèvre, d’où leur invitation à les consommer en remplacement des laitages traditionnels). D’autres, encore, estiment que la consommation de lait animal n’a aucun impact sur l’apparition et le maintien des douleurs rhumatismales, voire les empêchent : n’entend-t-on pas souvent que « manger 3 portions de produits laitiers par jour élimine (ou tout du moins atténue, retarde) le risque de fragilisation osseuse ?
Alors, comment s’y retrouver ?
Commençons par sortir de cette polémique sans fin et intéressons-nous à la réalité de notre organisme : « est-ce que mes douleurs rhumatismales reviennent ou sont plus intenses après avoir mangé sur 2-3 jours un produit laitier traditionnel à chaque repas ? ». Cette question, tout bête, aura toujours plus d’intérêt que les « on m’a dit » entendus ça et là ! En ce sens, il ne nous reste plus qu’à faire le test sur 2-3 jours et observer nos ressentis !
Les recommandations « classiques » (sous réserve de vos ressentis)
La consommation de lait et produits laitiers classiques dépend de notre « situation » osseuse :
– en cas de pathologie osseuse non inflammatoire, comme l’arthrose ou l’ostéoporose, on recommande vivement la consommation de laits d’origine animale (vache, chèvre ou brebis) afin de ralentir la dégénérescence du tissu osseux. Cette recommandation repose sur le fait que le lait animal, de par sa richesse en calcium et en vitamine D quand le lait n’est pas écrémé, favorise la solidité osseuse.
– en cas de pathologie osseuse inflammatoire – ou en phase inflammatoire -, comme la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante, on peut limiter, voire exclure les produits laitiers traditionnels car ces derniers contiennent des substances reconnues comme pro-inflammatoires. Il faudra alors s’assurer d’avoir une alimentation avec d’autres aliments sources de calcium et vitamine D, d’origine végétale à l’idéal, pour compenser l’absence en cas de retrait du lait animal et de ses dérivés !
IMPORTANT ! Retirer les produits laitiers traditionnels de manière temporaire ou sur une durée plus longue n’est pas sans conséquence : l’organisme peut comprendre cette initiative comme une mise en arrêt digestive concernant ces denrées. Il va, dès lors, moins fabriquer d’enzymes digérant le lactose…ce qui peut générer une intolérance et vous priver du lait et des produits laitiers sur une durée indéterminée. Dommage, non ?!